Un si joli lynx... qui croque 50 chamois ou chevreuils par an!
- Giovanni Sammali
- 25 mars 2016
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 févr.
"Tigre du Jura": aussi beau soit-il, dévoreur de chamois et chevreuils... Alors que l'OFEV a publié son plan lynx 2016 (à lire en cliquant ici) dont le descriptif précise qu'il doit: "créer les conditions permettant de gérer les populations croissantes de grands prédateurs en Suisse. L'enjeu est notamment de garantir la protection de la faune sauvage tout en tenant compte des intérêts de la population. Les interventions doivent être réservées aux cas où toutes les autres mesures de prévention des dégâts ont échoué. Ces plans servent avant tout aux cantons pour l'application des directives", la presse neuchâteloise a publié cette semaine les photos et le bonheur légitime d'un photographe animalier qui a rencontré le "tigre du Jura". Avec une légende parlant de l'un des "7 à 8 lynx recensés dans le canton". Or, ce chiffre, estimé par le KORA en 2009, est dépassé depuis longtemps. Les gardes du SFFN parlent eux-même de 12 à 15 lynx dans le canton. Certains observateurs évoquent 15 à 20 et plus spécimens, selon d'autres estimations basées sur les observations dans le canton. C'est bien en raison de cet essor que l'OFEV a élaboré un plan lynx, en plus du plan loup.
Et il y a urgence: sachant qu'un lynx croque une pièce de gibier par semaine, avec à la clé une mort certes naturelle, mais néanmoins des plus cruelles, ce sont 400 chamois et chevreuils en basse estimation, et 1000 en estimation haute, qui meurent sous les griffes et les crocs de ce prédateur. Contre quelques dizaines à peine tirés par les chasseurs (seule la moitié des demandeurs obtient un bracelet dans le canton de Neuchâtel).
Régulation du lynx prévue dans la loi depuis 2012
Comme le lynx a un goût prononcé pour les chamois, dont la population en baisse est un très sérieux problème, on comprend mieux pourquoi l'OFEV, mais aussi les cantons, mettent en route des actions (déplacements, stérilisations, tirs) pour contenir (ou ramener) la population de ce félidé dans des proportions acceptables. Depuis 2012, l'ordonnance sur la chasse prévoit d'ailleurs une régulation des populations de lynx s'ils réduisent fortement les populations de gibier de nos forêts.
Explosion des observations: trop nombreux, les lynx se sentent à l'étroit!
L'explosion du nombre d'observations de lynx, pourtant réputé prédateur des plus discrets et furtifs, et jusqu'à ces dernières années très rarement observé, est un signe objectif d'une population devenue trop nombreuse et qui se retrouve à l'étroit. Si on veut que le lynx garde son comportement sauvage originel, il convient de laisser aux spécimens présents un espace assez grand pour qu'ils puissent y évoluer sans devoir se rapprocher de l'homme, des habitations, des animaux de rente.
Est-il normal de pouvoir filmer plusieurs lynx, à peine effarouchés, dans un rayon de quelques centaines de mètres?
Est-il naturel, même si l'article précité semble s'en réjouir comme d'un fait positif, qu'un lynx se prélasse devant l'objectif d'un photographe qu'il a vu?
La FCN collabore au recensement des lynx: ses membres, mais aussi tout promeneur ou toute personne souhaitant annoncer la présence d'un lynx, peut retourne le formulaire suivant: Fiche observation lynx à infos
En attendant, voici ci-dessous une photo à méditer, prise ce samedi matin. Ces chamois représentent le garde-manger d'un seul lynx pour les six à huit prochaines semaines!
C'est être objectivement bienveillant à son égard de le dire: il est temps de réguler le lynx. Que des biologistes en conviennent démontre que c'est d'abord pour le bien de ce prédateur. Car qui pourrait souhaiter voir cet animal sauvage poussé vers un début de domestication? La main de l'homme qui l'a réintroduit dans nos forêts a la responsabilité de lui offrir un habitat et les conditions pour y évoluer avec un comportement naturel.